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Sivens

Rémi Fraisse : 20 lycées bloqués à Paris

VICE News a suivi une manifestation lycéenne en hommage à Rémi Fraisse dans les rues de Paris.
Virgile Dall'Armellina / VICE News

Une vingtaine de lycées parisiens, sur les 200 que compte la ville, ont été bloqués jeudi matin alors qu'une manifestation était organisée pour protester contre les violences policières et rendre hommage à Rémi Fraisse, tué à Sivens il y a dix jours, au cours d'un affrontement avec les forces de l'ordre.

Dès six heures du matin des lycéens ont amoncelé poubelles et caddies devant les portes de leurs établissements. Ils ont ensuite pris la direction de la place de la Nation en ordre dispersé et spontané.

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Sivens : L'autopsie indique que la mort est due à une explosion. À lire ici.

VICE News a suivi la manifestation organisée par un groupe appelé le « Mouvement Inter-Luttes Indépendant » (MILI), qui a rassemblé plus d'un millier de jeunes sur la place de la Nation. Un policier présent aux abords de la place a indiqué à VICE News : « On prévoyait entre 600 et 800 personnes, mais là, avec les réseaux sociaux et le bouche à oreille, ils sont plus. »

Mort de Rémi Fraisse: une vingtaine de lycées… par afpVidéo AFP

11 heures, place de la Nation, début de la manifestation. Le cortège avance vite, et scande à tue-tête des slogans comme « Police partout, justice nulle part » et « Policiers, meurtriers ». Certains des lycéens portent des pancartes, sur lesquelles on peut par exemple lire « Rémi Fraisse, crime d'État » ou bien « Rémi, notre frère d'arbre », au milieu de quelques masques popularisés par le mouvement Anonymous. On compte de rares enseignants. L'ambiance est exaltée, et les participants surpris du nombre de personnes que la manifestation a rassemblé.Danny, 17 ans, déclare à VICE News au milieu de la cohue « Il y a différent types de policiers, mais il y en a qui sont malhonnêtes, et si on est là aujourd'hui c'est pour soutenir toutes les personnes qui ont été victimes de violences et d'inégalités ». Nino, son ami, renchérit : « Les policiers abusent souvent de leur force contre les citoyens. Pendant les manifestations, ils tirent des avec des tazers et des flashballs inutilement. »

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À leur passage à la Bastille, les lycéens arrêtent les automobilistes et bloquent la circulation le temps de leur traversée de la place. La direction que prend le cortège est alors incertaine,le trajet n'est pas prévu. Certains parlent de la place de la République, mais la foule se dirige finalement vers la place d'Italie.

Les lycéens traversent le pont d'Austerlitz sur la Seine

Sacha, 16 ans, nous aborde et nous montre sur son smartphone la page Facebook de l'événement. La page Facebook créée pour l'occasion indiquait jeudi après midi 2800 participants à l'événement. Il explique que beaucoup de jeunes sont venus aujourd'hui grâce aux annonces passées sur les réseaux sociaux. Il ajoute qu'il trouve la police « trop violente », et qu'il « faut bien faire quelque chose pour protester ».

Les lycéens n'étaient plus que quelques centaines à leur arrivée place d'Italie, où ils ont organisé un « sit-in » qui a bloqué la circulation d'une partie de la place, avant de se disperser un peu avant 14h.

Place d'Italie, le cortège ne compte plus que quelques centaines de lycéens. L'un d'eux appelle à un « sit-in » au milieu de la chaussée, pour « bloquer les voitures ». L'initiative est suivie, et les policiers, qui restent distants, tentent de rediriger les voitures vers d'autres itinéraires. Une partie de la place est bloquée jusqu'aux environs de 14h, heure à laquelle la manifestation se disperse dans le calme.

Victoria a 14 ans. Une dizaine de ses camarades de classe (sur 33) est là aujourd'hui. Elle ne croit pas que son lycée sera à nouveau bloqué demain. La jeune fille explique, très sûre d'elle, qu'il y a en ce moment « beaucoup de violences policières en France », et cite pour preuve le cas de Rémi Fraisse, qui selon elle « n'est pas le premier et ne sera pas le dernier ».

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« On ne trouve pas ça normal que les policiers aient le droit d'utiliser des armes militaires comme les grenades […] Il y a quelques mois à Nantes des personnes ont perdu la vue parce qu'elles se sont pris des balles des policiers. Ils sont censés être là pour nous protéger, et on se sent plus en danger qu'autre chose. »

Comment fonctionne une « grenade offensive ». À lire ici.

Cette manifestation a provoqué une foule de réactions sur Twitter, dont beaucoup de moqueries. Comme celles du vice président du Front national, Florian Philippot, pour qui cette manifestation n'est qu'un moyen de sécher les cours, alors qu'ils viennent juste de reprendre après les vacances de la Toussaint.

L'utilisation ad nauseam de la mort de Rémi Fraisse, pour justifier jusqu'à la sèche des cours !, ne provoque donc chez eux aucune honte ?

— Florian Philippot (@f_philippot) 6 Novembre 2014

Une Assemblée générale était prévue à la fin de la manifestation afin de déterminer la suite du mouvement.

Suivez Virgile Dall'Armellina sur Twitter : @armellina